Précocité intellectuelle Imprimer
Écrit par Administrator   
Mardi, 12 Août 2008 10:26
Présentation de l’enfant précoce :

 

Un enfant précoce possède un âge mental supérieur de 2 ans à 7 ans à son âge réel. Les enfants précoces représentent 2,3 % d'une classe d’âge.

 

Quelques caractéristiques de l'enfant précoce :

 

L'enfant précoce présente souvent les caractéristiques suivantes: bonne mémoire, grande rapidité pour résoudre des problèmes, vocabulaire soutenu, bonne culture générale, réflexions pertinentes sur le monde qui l'entoure... L'enfant précoce est dans la créativité, il invente et découvre les lois naturelles par lui-même en observant seul les phénomènes. Il possède également une hypersensibilité et une grande maturité sociale.

 

Les difficultés de l’enfant précoce :
reste dans le plaisir immédiat
reste dans la toute puissance
problème de lenteur graphique
problème de planification : mauvaise gestion du temps et de l’espace
problème de mise en place de stratégie
reste sur ses acquis
ne veut pas entrer dans l’effort d’apprendre ou de faire
isolement : pas d’amis
sous-estimation : se sent rejeté et nul
manque de motivation

 

La Dyspraxie chez l'enfant précoces :

 

La dyspraxie est un trouble des apprentissages encore très méconnu. L'enfant ne peut pas se contenter de savoir ("je sais"), mais il doit être capable de faire pour aller au bout d’une tâche ("je sais faire"). C’est une difficulté au niveau du savoir-faire et de la mise en place de stratégie. Une tâche complexe doit être décomposée en une successions de tâches plus simples.

 

La dyspraxie est un trouble qui ne se constate pas directement. La verbalisation est la première chose que l’on perçoit chez une personne. Si elle a du mal à s’exprimer, on le remarque immédiatement. A l'inverse, l'enfant précoce dyspraxique présente un excellent niveau de compréhension langagière, un vocabulaire recherché. Il s'exprime très bien. L'enfant a parfaitement compris ce qu'il faut faire mais il a des difficultés à exécuter ce qu’on lui demande. La dyspraxie provoque une importante difficulté mais rarement un échec dans l'exécution. L'enfant finira par réussir mais par des chemins détournés. Les parents ou ceux qui accompagnent l'enfant confondent encore trop souvent la dyspraxie avec un trouble affectif et attribuent les difficultés à une mauvaise volonté ou une provocation.

 

La dyspraxie peut effectivement entraîner des troubles affectifs surtout si elle n'est pas détectée. Un enfant dyspraxique qui entend souvent « tu le fais exprès, tu te fiches de moi » alors qu'il fait de son mieux ressent un fort sentiment d'injustice, une souffrance et un grand mal-être. Cette souffrance est encore plus exacerbée chez l’enfant précoce car la précocité masque la dyspraxie. L'enfant précoce dyspraxique est très sensible, il a des difficulté à gérer ses émotions. Il fonctionne comme une éponge dans les émotions et comprend rapidement le fonctionnement affectif de l'autre, il est capable de cerner avec finesse la personne avec laquelle il échange.

 

La dyspraxie, de manière générale, est un trouble du geste qui affecte l'habileté et la réalisation de certaines activités. C’est une dissociation entre la verbalisation qui est plus développée, et le raisonnement perceptif visuo-spatial moins performant.

 

La dyspraxie entraîne des difficultés dans la vie quotidienne. L'enfant a du mal à faire. Il a du mal à se lever, à s’habiller, à aller prendre le bain. Il faut toujours être derrière lui pour l'accompagner et l'inciter. La dyspraxie est toujours accompagnée d'une dysgraphie plus ou moins prononcée. L'enfant a du mal à écrire. Il a des difficultés dans le geste fin, le graphisme, la motricité fine. Il a des bonnes idées mais a du mal à écrire, à former les lettres à l'école primaire puis au collège et au lycée à les agencer en plan structuré. Or, à l’école, tout passe par l’écrit. Il ne va pas finir l’exercice à cause d'une lenteur graphique alors qu’il connait la réponse.

 

Deux formes de dyspraxies:

 

 

La dyspraxie visuo-spatiale est la forme la plus répandue notamment chez l'enfant précoce. Il s’agit de difficultés à réaliser un assemblage de plusieurs éléments pour constituer un tout. La dyspraxie visuo-spatiale se manifeste, par exemple, par une difficulté à recopier une forme géométrique complexe, à faire des constructions très fines avec un modèle (ne pas réussir à reproduire le modèle). C'est une difficulté au niveau de la coordination œil/main.

 

La dyspraxie idéatoire est plus rare chez l’enfant précoce. C’est une difficulté à réaliser les gestes. Tout geste (comme mettre une lettre dans une enveloppe) nécessite des mini-séquences pour accomplir l’ensemble de ce geste. L'enfant exécute l’ensemble du geste laborieusement. Par contre, si quelqu’un l'aide et lui divise le geste, en sous-tâches simples, il va réussir. Si on lui dit «Tu commences par prendre la lettre », il la prend, puis « Plie la », il parvient au résultat alors qu'un unique « Mets la lettre dans l'enveloppe » est problématique. Tout seul en autonomie, il n'y arrive pas car il ne sait pas par quoi commencer, par quoi finir. L''enfant n'étant pas habile de ses gestes, il est maladroit et n'est pas à l'aise en sport.

 

Les troubles qui accompagnent la dyspraxie :

 

Le trouble du regard est une difficulté dans la mobilité des yeux, dans la balayage oculaire et l'attention visuelle. Ce n’est pas un problème de coordination œil/main, c’est une difficulté au niveau des yeux. L'enfant présente une faiblesse dans l’organisation de la motricité des globes oculaires. Lorsqu’il regarde une page remplie de stimuli, il a du mal à repérer l'ensemble des éléments. Cela cause des difficultés au niveau de la compréhension de texte car lorsque la typographie est trop serrée, il risque de se tromper de ligne ou de sauter un mot sans s’en rendre compte. L’enfant a du mal à comprendre le texte. Nous parlons de dyspraxie visuo-spatiale avec ou sans trouble du regard. Un enfant dyspraxique peut ou ne pas souffrir de trouble de regard.

 

La dysgraphie est un trouble de motricité fine, donc un trouble du graphisme. L’enfant a des difficultés à écrire. Tout enfant souffrant de dyspraxie visuospatiale est plus ou moins dysgraphique. Par contre un enfant qui est dysgraphique n’est pas forcément dyspraxique. La dysgraphie est un trouble des apprentissages très gênant au quotidien provoquant une frustration énorme pour l’enfant. Même si tout est clair dans sa tête, le passage à l’écrit pose un problème. Il a du mal à terminer une rédaction. L'écriture lui demande une telle énergie qu'il n'a pas le temps de penser à autre chose aboutissant à une lenteur d'exécution. Réfléchir plus écrire devient très fatigant et trop contraignant. C'est très frustrant car il n’a pas eu le temps de restituer tout son savoir lors de l'interrogation écrite. Cela peut même entraîner une agressivité et une surexcitation avec une agitation motrice.

 

Quelques caractéristiques de l'enfant précoce dyspraxique:

 

Certains enfants précoces rencontrent des difficultés qui ne sont pas caractéristiques de la précocité mais d'une précocité accompagnée de dyspraxie visuo-spatiale. L'enfant dyspraxique précoce souffre d'une dissociation entre le savoir et le savoir-faire. Il sait mais a des difficultés à mettre en application. Un enfant précoce dyspraxique présente certaines des caractéristiques suivantes.

 

L'enfant précoce dyspraxique reste souvent dans le plaisir immédiat, car à l’école primaire il connaît avant les leçons. Il a déjà la réponse avant que la maîtresse ne parle. De ce fait, il ne met pas en place de stratégie d'apprentissage, et il reste uniquement dans le plaisir immédiat : tout, tout de suite. Il reste dans la toute puissance, « je sais tout. Pas la peine d’apprendre, je sais déjà ».

 

L'enfant précoce dyspraxique a souvent des problèmes de comportement. Il a des difficultés à supporter l'autorité et veut avoir le dernier mot. Il négocie beaucoup verbalement pour faire ceci ou ne pas faire cela. Il présente des difficultés dans la gestion du quotidien comme pour obéir au moment demandé, par exemple pour se laver les dents, se mettre en pyjama, aller manger ou à arrêter l'activité qu'il avait choisi de faire pour aller faire ce que le parent lui demande. Il parle pendant le repas et mange lentement. Les parents doivent répéter plusieurs fois les consignes ou être à côté de lui pour qu'il fasse ce qu'on lui demande. La mise aux devoirs surtout les devoirs écrits est très laborieuse, il négocie beaucoup pour en faire le moins possible. Par contre, une fois qu'il a décidé de s'y mettre c'est très rapide mais que d'énergie dépensée pour la mise en route, et pour le recentrer sur ses devoirs ou la tâche imposée.

Il est bavard, voire indiscipliné, insolent, pouvant avoir des comportements déviants, des débordements, des colères, des passages dépressifs, de l'anxiété, une mauvaise estime de lui, une souffrance, un mal-être. Il supporte mal l’injustice, et se sent facilement agressé alors qu’il ne le devrait pas. De ce fait, il peut répondre et devenir agressif envers l’adulte ou envers les autres enfants. L'enfant est souvent en opposition, ne rentre pas dans les règles de vie du groupe et discute l’autorité. Il est beaucoup dans la verbalisation et, sur les bulletins, les commentaires sont souvent : « bavardages – manque de concentration et d’attention – a de bonnes capacités mais ne sait pas les utiliser – pourrait mieux faire ».

 

L'enfant précoce dyspraxique a un problème de graphisme avec soit une lenteur, soit une impulsivité.

 

On observe un problème de planification. Comme il sait, il n’a pas besoin de mettre en place de stratégie et ne planifie pas. Il n'intègre pas, que pour parvenir à un but, il faut une série d'actions successives: un premièrement, puis un deuxièmement, puis un troisièmement. Il n’a jamais eu besoin de ces étapes puisqu’il a tout de suite la réponse ou le résultat. Cependant, il est souvent dans l'incapacité d'expliquer comment il y est arrivé.

L'enfant se lasse vite et passe d’une activité à une autre. Il démarre et ne termine pas. Il veut finir avant d’avoir commencé et a des difficultés à planifier. Il a des difficultés à s’organiser, à gérer son temps. Il a du mal à ranger ses affaires et à les retrouver.

L'enfant précoce avec dyspraxie visuo-spatiale reste sur ses acquis. Il suffit qu’il écoute en cours. Il apprend ses leçons superficiellement. Il lit une fois son cours et il le sait. Cela pose un problème à partir du moment où il faut mettre en place des stratégies d'apprentissage. Cela arrive généralement à partir de la 4e. Les résultats scolaires baissent alors que tout allait bien jusqu'à présent sans faire d'effort. Il est assez dérouté par la nouvelle situation qui se présente devant lui. Il a l’impression d’être nul et de ne pas y arriver. Il souffre de difficultés à entrer dans l’effort d’apprendre. Il ne sait pas apprendre car il n’a jamais eu besoin d'apprendre. Or, à partir de la 4e, il faut apprendre et argumenter par écrit son résultat. L'élève même précoce ne peut plus faire autrement.

 

On rencontre aussi parfois des enfants précoces dyspraxiques qui sont isolés, sans ami. Les relations avec les autres sont conflictuelles. L'enfant précoce dyspraxique voulant toujours décider et faire selon ses envies, ses camarades peuvent le rejeter et jouer sans lui. Comme l'enfant précoce dyspraxique ne comprend pas les souhaits des autres, il se retrouve seul. Très têtu, il ne revient pas sur sa décision.

 

Toutes ces difficultés entraînent une sous-estimation et un manque de motivation. Il ne sait pas comment s’y prendre et cela peut entraîner des blocages. Il ne fait plus rien, il est démotivé, à la limite de la dépression.

 

La dyspraxie de l'enfant précoce est identifiée lors d'un test du QI par une différence significative entre l’indice de compréhension verbale et l’indice de raisonnement perceptif. Lors de mes consultations plus de 80% des enfants précoces que je vois souffrent de dyspraxie visuo-spatiale. Ce constat ne signifie pas que 80 % des enfants précoces sont dyspraxiques mais que 80 % de ceux qui consultent le sont. Pour les autres, en général tout va bien. Un enfant précoce en souffrance est souvent un enfant précoce dyspraxique.

 

Les signes qui doivent alerter :

 

Lorsqu’il est petit, l'enfant peut montrer peu d’intérêt aux jeux de construction, aux cubes, aux Légos, aux puzzles. Il peut en faire mais ce n’est pas son jeu préféré. Il préfère les jeux symboliques, les jeux de faire semblant, se raconter des histoires. L'enfant est souvent maladroit. Il a des difficultés de graphisme. Il n'aime pas dessiner. Il peut dessiner toujours la même chose pour s'entrainer et être satisfait de sa production. Par contre, il adore les histoires, la lecture, la télévision. Il a une très bonne culture générale, un très bon vocabulaire et une grande mémoire. De ce fait, il peut étonner les enseignants et les parents.

 

Les parents peuvent constater des manifestations du trouble dès la moyenne ou grande section car l’écriture commence en maternelle. On entend souvent des parents dire : « mon enfant a un très bon vocabulaire, quand il s’exprime il est très pointu et pourtant lorsqu’on lui demande de faire quelque chose ou de passer à l’écrit, on est très déçu ». L’enfant aussi est très déçu de sa production. La réalisation est très fluctuante ce qui peut dérouter les parents ou les enseignants. C’est-à-dire que par moments il va bien écrire, il va faire de jolis dessins, il va faire une super-maquette d’avion parce qu'il est motivé et l'a décidé de lui-même. Dans ces moments-là, il consacre toute son énergie à son objectif. Beaucoup de parents déclarent « quant il veut, il peut ».

 

L'enfant précoce dyspraxique présente très jeunes des problèmes de comportement. Selon sa personnalité, l'enfant est agité, surexcité, jamais fatigué, impatient, voulant aller vite ou lentement, perfectionniste, ne supportant pas l'échec, voulant avoir toujours raison, têtu, présentant des moment de déprimes, de fatigue. Beaucoup d'enfant dyspraxique précoce fonctionne par cycle, ils sont d'humeurs changeantes avec une grande fragilité émotionnelle. Chez l'enfant précoce dyspraxique, les problèmes comportements apparaissent bien avant les difficultés scolaires.

 

Les plaintes scolaires:

 

Au niveau des plaintes scolaires, comment reconnaître un enfant précoce dyspraxique ?

 

En maternelle, l'enfant n’aime pas dessiner, écrire, faire des puzzles, les jeux de constructions et sont maladroits .À l’école primaire, il a un graphisme difficile. Il a aussi des difficultés en géométrie. Il peut faire des fautes d’orthographe. Il a des difficultés d’attention et des troubles du comportement assez importants. Il est très agité et dans l'opposition. Il est tout le temps dans le « oui, mais… » et dans l’argumentation verbale alors qu’il a des difficultés à passer à l’argumentation écrite. L'enfant précoce dyspraxique va apprendre une poésie en une lecture alors que l'apprentissage des tables de multiplication ou de conjugaison est plus laborieux. Les résultats scolaires sont toutefois excellents.

 

Au collège, la prise de note est difficile parce qu’il ne peut écrire et réfléchir en même temps. Une lenteur d’exécution apparait, l'enfant a du mal à finir ses contrôles alors qu’il connait la réponse. Le rythme est difficile, quelque chose ne va pas et on sent que ça pourrait être beaucoup mieux. Les gestion du cahier et du cartable est problématique: l'enfant perd ses affaires, les feuilles ne sont pas collées ou rangées au bon endroit, les cahiers sont brouillons, la prise des devoirs dans le cahier de texte pose problème. En Mathématiques, l'enfant a surtout des difficultés en géométrie à partir de la 6e et dans la résolution de problèmes à partir de la 4e. Les résultats scolaires commencent à chuter tout en restant tout à fait corrects. La 4e est vraiment une classe charnière. L’enseignant demande à l’élève d’argumenter et d’expliquer son résultat par écrit. L'enseignant demandait seulement à l'élève de donner la réponse en primaire puis d’écrire la question sous forme affirmative pour donner la réponse avec un début d'explication en 6e-5e. À partir de la 4e, l'enseignant demande à l’élève d’écrire la question, de donner la réponse, et de dire pourquoi il donne cette réponse. De plus, l'enfant précoce dyspraxique n'aime pas apprendre par cœur ce qui peut entrainer des difficultés dans l'apprentissage du vocabulaire et de la grammaire-conjugaison des langues étrangères.

 

Au lycée, l'argumentation écrite est indispensable sinon l'élève n'arrive plus au résultat final. Faire des plans, agencer ses idées, être précis sont les faiblesses principales rencontrées par un élève précoce dyspraxique. Les matières les plus touchées sont les mathématiques, la physique-chimie, le français et SVT mais cela peut s'élargir à toutes les disciplines si l'enfant précoce dyspraxique n'est pas détecté et accompagné par des professionnels spécialisés. En Français, il peut aussi rencontrer des difficultés à faire des plans , il a de bonnes idées mais mal agencées. En Histoire-Géographie, apprendre une carte est difficile car la structuration spatiale n’est pas bonne. Le déchiffrage et la mémorisation d’une frise peut être difficile si la gestion du temps n’est pas bien enclenchée puisque la frise consiste à apprendre des dates. Au lycée, si le diagnostic n’a pas été établi, les enfants dyspraxiques et précoces sont en difficulté scolaire et psychologique. Souvent il redouble la 2nde. Il réussi le plus souvent à décrocher son Bac, généralement scientifique. Il se sentira souvent incompris et insatisfaits. Ne comprenant pas lui-même pourquoi c'est si dur. Heureusement, généralement l'enfant précoce dyspraxique s'en sort plutôt bien au final avec un parcours scolaire chaotique mais rarement indemne émotionnelle ment.

 

 

 

Conclusion:

 

La dyspraxie se rééduque très bien. Cependant, il existe peu de professionnels spécialisés dans la dyspraxie chez l'enfant précoce. Plus le diagnostique est précoce et la rééducation commencée tôt, plus le pronostic est favorable.

 

Mise à jour le Mercredi, 04 Décembre 2013 23:45